Stendhal est une figure éminente de la littérature française. Né à la fin du 18e siècle, il a marqué les esprits par des œuvres connues de tous : Le rouge et le noir (1830) ou encore La Chartreuse de Parme (1839). Néanmoins, l’un de ses textes, pourtant écrit dans la même période que ses deux œuvres principales, est très peu connu. C’est en pratiquant ma gymnastique de l’esprit quotidienne et en me jetant à bras ouverts sur le panthéon de la culture virtuelle, l’application « se coucher moins bête », ou comment posséder tout un pan de culture dans votre poche, qu’une révélation, digne d’un kaïros rousseauiste, m’est venue. « Stendhal est un écrivain connu pour avoir notamment écrit le fameux roman Le Rouge et le Noir. Mais il a aussi écrit Le Rose et le Vert sept ans plus tard. » Une punchline digne des plus grands cow-boys de l’ouest qui marqua mon esprit au fer rouge. Je me suis donc rendue à la librairie pour y découvrir un livre bref, élégant, et simple. Il aurait été l’homme idéal, le destin voulut qu’il fût fait de papier.
L’histoire est celle d’une jeune bourgeoise allemande du 18e siècle qui, à la mort de son père, hérite de toute sa fortune, ce qui ne manque pas d’attirer les prétendants. Désireuse d’un amour sincère, dénué de toute avidité, Mina se retire à Paris et prétend, avec l’aide de sa mère, être ruinée.
L’histoire se termine rapidement et, à vrai dire, n’a pas de fin. Effectivement, l’auteur a consacré un mois à l’écriture de ce livre pour finalement le laisser en suspens, voire l’abandonner, pour écrire La Chartreuse de Parme. Certaines personnes voient une sorte de lien entre La Chartreuse de Parme et Le rose et le vert, notamment dans le titre puisque d’après une légende urbaine le mot « Chartreuse » représenterait le vert par sa couleur et « Parme » le rose par la couleur du jambon qui est une spécialité de la ville ; une légende totalement infondée. En réalité, l’auteur aurait choisi la ville de Parme pour sa platitude et son recul par rapport au contexte politique, et la chartreuse dont parle le livre n’est en réalité rien d’autre qu’un synonyme de maison de campagne (où le héros meurt). Néanmoins, Le rose et le vert constitue la part féminine dans une saga littéraire mettant au centre de l’histoire des jeunes hommes avec Julien Sorel pour Le rouge et le noir et Fabrice pour La Chartreuse de Parme, vivant des amours et des vies aussi imparfaites que tragiques.
Noémie Bounsavath