L’invasion des super-héros

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« Être un super-héros et élever une fille de neuf ans, ça peut être compliqué, parfois… voire dangereux ! Parce que Cassie m’aurait sûrement tué si je n’avais pas réparé sa poupée Rom comme je l’avais promis ! » Ant-man (tome 2), de Stan Lee.

Depuis quelques années, nos écrans se trouvent envahis par un étrange phénomène : la mode des super-héros. Qu’ils viennent de l’univers de Marvel ou de celui de DC comics, les super-héros sont partout et sous toutes les formes, que ce soit en films ou en séries. Depuis le succès du premier film Iron Man en 2008, où l’on peut – entre autres – voir les talents d’acteur de Robert Downey JR. dans le rôle principal, les deux géants des BD de super-héros ne cessent de nous submerger d’adaptations cinématographiques et séries de leurs meilleurs héros. Qu’ils volent, qu’ils lancent des flèches ou un marteau ou qu’ils se baladent la nuit vêtus d’un costume noir de chauve-souris, on ne peut plus allumer notre télé sans apercevoir le bout d’une cape rouge ou une toile tissée par une araignée humaine. Essayons donc ensemble de faire le tri parmi ce trop-plein de muscles et de testostérone.

L’univers Marvel

C’est en 1939 que tout commence avec la création de Marvel Entertainment par le fameux Martin Goodman. Cette société de médias américains compte parmi ses filiales les entreprises Marvel Comics, à qui l’on doit toutes les BD, et Marvel Studios, qui s’occupe bien entendu de porter à l’écran les aventures des personnages créés entre autres par le très célèbre Stan Lee. Depuis 2009, Marvel est devenu l’une des filiales de la Walt Disney Company, super-héros et princesses Disney sont dès lors liés.

Comme vous l’avez sans doute compris, super-héros est le mot clé ici et Marvel en possède un grand nombre. Car l’on ne trouve pas moins de 5000 personnages dans cet univers, d’Iron Man à Captain America en passant par les X-Men et les 4 Fantastiques. Un grand nombre d’entre eux viennent de l’imagination de Stan Lee (scénariste) et du dessinateur Jack Kirby.

Beaucoup de ces héros ont d’ailleurs eu droit à leur film solo ou en groupe. Depuis 2008, ce sont plus de six héros qui ont eu le droit à leur propre film pour ensuite participé à une aventure en groupe. En effet, pour annoncer le film The Avengers, le groupe Marvel avait offert à Iron Man, Captain America et Thor leur propre film pour ensuite les réunir en une super équipe, avec en plus les deux agents du S.H.I.E.L.D dont la réputation n’est plus à faire, j’ai nommé l’agent Natasha Romanoff (la Veuve Noire) et l’agent Clint Barton (Œil de Faucon). Mais ces films qui réunissent plusieurs héros permettent aussi à Marvel d’introduire de nouveaux héros, comme ce fut le cas avec Captain America : Civil War qui leur a permis d’annoncer le nouveau remake du très célèbre Homme Araignée.

De plus, comme si nous n’étions déjà pas assez perdus avec tous ces films et ces héros différents, il faut savoir qu’il y a une chronologie, un ordre de visionnage de ces films. Ainsi, on ne peut pas regarder Captain America puis Captain America 2, au contraire, après les aventures du premier des Avengers, il faut regarder Iron Man 1 puis Iron Man 2. Heureusement pour nos pauvres petites têtes qui auraient du mal à suivre, la liste de l’ordre de visionnage se trouve très facilement sur internet.

Et comme si ce n’était pas assez compliqué comme ça, si vous aimez la saga des héros Avengers, vous devez ajouter à cette ordre de visionnage la série télé Marvel Agents of S.H.I.E.L.D, débutée en  2013. En effet, les derniers épisodes de la saison 1 coïncident avec les événements du second film sur les aventures de Captain America. Au point où on en est, il faudra bientôt bac +5 pour pouvoir profiter correctement des aventures de nos héros préférés.

J’espère que vous suivez toujours et que vous n’êtes pas encore trop perdus, car l’on va maintenant s’attaquer au second grand groupe responsable de cette vague de héros.

Le phénomène DC Comics

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Appartenant à la Warner Bros Company, DC Comics est créé en 1935 par Malcom Wheeler-Nicholson. Et leurs héros sont tout aussi nombreux et différents que ceux de l’univers Marvel. En effet, le géant des comics compte parmi ses rangs Superman, Batman, Arrow ou encore Flash.

Du côté des adaptations, DC Comics n’a rien à envier à ses concurrents. On ne compte plus les adaptations de Superman ou Batman qui ont su toucher un grand nombre de spectateurs de tout genre et de tout âge.

Mais c’est plutôt du côté des séries télé que DC connaît, depuis 2012, un grand succès. En effet, c’est en 2012 que la série Arrow est lancée. Dès son lancement, cette série a su fidéliser un grand nombre de spectateurs qui sont nombreux à se retrouver devant leur télé ou leurs écrans d’ordinateur pour suivre les aventures de celui que l’on surnomme l’« Archer vert ». La série connaît un tel succès qu’elle ouvre la porte à d’autres séries, des spin-off avec notamment les séries Flash, Supergirl ou encore DC Legend of Tomorrow. Les personnages de ces séries ne cessent d’ailleurs pas de se rencontrer dans leurs séries respectives.

Encore une fois, un ordre de visionnage est instauré et il est d’ailleurs préférable de le suivre si l’on ne veut pas se spoiler par erreur, car ici il n’est pas question de suivre les séries individuellement saison après saison mais plutôt de les suivre au fur et à mesure, épisode après épisode et en même temps.

Et voilà, nous sommes enfin arrivés à la fin de ce méli-mélo de super-héros. En espérant que cela vous ait donné envie de vous lancer dans la lecture et peut-être même la collection de comics, et bien sûr comme d’habitude pour celles et ceux qui auraient la flemme ou pas assez de temps pour lire les BD, sachez que les séries comme les films valent vraiment le coup d’œil.

Léonore Boissy

Quand la mode s’invite dans la littérature

« La mode n’est ni morale, ni amorale, mais elle est faite pour remonter le moral. » – Karl Lagerfeld.

En cette période de soldes, on ne peut s’empêcher de parler de l’un des passe-temps préférés des femmes en plus de faire la tête, le shopping. Activité qui consiste à rentrer dans un grand nombre de magasins, généralement de vêtements, et qui se pratique seule ou en groupe. Les femmes qui pratiquent cet exercice savent à quel point il est difficile de résister quand un vêtement qui nous plaît nous fait de l’œil et ce même si notre compte en banque ne nous permet aucun écart de conduite. Et si malheureusement vous craquez malgré cela et que votre armoire est pleine, il est possible que vous soyez une shopaholic : une accro du shopping.

Confessions d’une accro du shopping

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Tout comme Rebecca Bloomwood, l’héroïne de la série de romans Confessions d’une accro du shopping de Sophie Kinsella, vous avez des tonnes de vêtements et une centaine de paires de chaussures. Mais attention à ne pas faire les mêmes erreurs qu’elle. En effet, Sophie Kinsella nous dépeint, dans sa série à succès Confessions d’une accro du shopping, une jeune femme qui a du mal à résister aux plus grandes marques, c’est une acheteuse compulsive qui possède de nombreuses cartes de crédit et, malheureusement pour elle, ses achats à répétition vont la mettre dans le rouge niveau financier avec un découvert de plus de 9000 dollars. Situation que l’on peut trouver très ironique une fois que l’on sait qu’elle travaille en tant que journaliste pour un magazine économique. Cette jeune héroïne un peu déjantée va connaître un grand nombre de situations cocasses qui arracheront un sourire à plus d’une lectrice. Becky est un personnage auquel on s’attache très vite, même si elle peut paraître un peu superficielle au début, on découvre vite au fil des pages sa vraie personnalité et la vulnérabilité qui se cache derrière son sourire. Les autres personnages, moins développés, n’en sont pas moins attachants ; ils ont leur propre personnalité et permettent ainsi aux lectrices de s’identifier à eux ou de reconnaître en eux un proche, comme ça peut être le cas avec la meilleure amie de Becky : Suze, qui avec sa capacité à aider son amie et son caractère enjoué font qu’on peut facilement retrouver en elle la meilleure amie qu’on a toute depuis le collège et qui est toujours là pour partager des fous-rires avec nous. L’humour très girly présent dans ces livres fait qu’ils sont très faciles à lire, Sophie Kinsella rajoute aussi une pointe d’ironie ce qui donne des livres très drôles et légers, on a la garantie de passer un bon moment de lecture que ce soit dans le train ou vautré dans notre lit.

En 2009, le personnage de Rebecca Bloomwood est porté à l’écran par le réalisateur P.J. Hogan. Même si les livres sont un succès, leur adaptation a connu des critiques assez mitigées, voire parfois négatives. C’est l’actrice Isla Fisher qui joue le rôle principal. L’histoire reprend globalement celle des livres malgré quelques modifications, et grâce à son casting talentueux, reste très agréable à regarder.

Le Diable s’habille en Prada

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Maintenant qu’il a été confirmé que nous étions toutes des accros du shopping, passons à une autre activité que nous aimons tout autant que le shopping : lire des magazines de mode. Nous sommes plus d’une à feuilleter quelques magazines pour s’informer des dernières tendances, que l’on assume ou non, on a toutes à un moment donné de sa vie jeté un œil aux pages remplies de conseils vestimentaires ou de photos de mannequins aussi épaisses que des cure-dents habillés à la dernière mode. Mais qui sont celles et ceux qui travaillent dans ces grands magazines ?

La réponse à cette question peut se trouver dans le roman de l’Américaine Lauren Weisberger, Le Diable s’habille en Prada. Sorti en 2003, ce roman nous raconte l’histoire d’Andrea Sachs, jeune diplômée tout juste sortie de l’université qui se retrouve propulsée dans le magazine de mode Runway lorsqu’elle devient l’assistante de la tyrannique rédactrice en chef Miranda Priestly. Ce roman connaît très vite le succès, surement dû à la ressemblance troublante avec la vie de l’auteur. En effet, Lauren Weisberger a travaillé chez Vogue en tant qu’assistante de la rédactrice en chef Anna Wintour. Cette dernière avait d’ailleurs émis l’hypothèse qu’elle avait inspiré le personnage de Miranda, ce que l’auteur a nié. Ce roman drôle et léger nous plonge dans les coulisses d’un magazine de mode et nous livre une vision assez satirique de la vie de bureau et de New York. Le choix du décor a surement fait rêver plus d’une lectrice et la ressemblance avec le célèbre magazine Vogue est certes apprécié mais cette référence n’est là que pour attiser notre curiosité. Lauren Weisberger nous donne dans ce roman le portrait d’une femme de pouvoir tyrannique et richissime qui se trouve être aussi fascinante qu’énervante. Le personnage de Miranda fait régner la terreur au sein de sa rédaction et on peut d’ailleurs se rendre compte que les autres rédacteurs et rédactrices la détestent et l’admirent sans toutefois l’admettre. Ses caprices, que sa pauvre assistante doit satisfaire, donnent de quoi rire. Le Diable s’habille en Prada est donc sans aucun doute un roman qu’on a plaisir à lire et avec lequel on passe un bon moment.

Le roman à succès de Lauren Weisberger a d’ailleurs eu droit à son adaptation au cinéma en 2006 avec, dans les deux rôles principaux, les actrices Anne Hathaway et Meryl Streep. Grâce notamment à son casting mais aussi par une adaptation fidèle du livre original, le film connaît un grand succès que ce soit au niveau national ou international. Le talent de Meryl Streep n’est d’ailleurs plus à vanter tant il est indéniable ; quant à Anne Hathaway qui débutait tout juste sa carrière au moment du film, elle a connu à la suite de ce film de nombreux autres succès, ce qui fait d’elle l’une des meilleures actrices d’Hollywood.

Le Diable s’habille en Prada a d’ailleurs connu quelques parodies et hommages, notamment avec la célèbre série d’animation Les Simpson qui parodie le film dans l’épisode 5 de la saison 21 intitulé Le diable s’habille en nada ou encore plus récemment avec le rappeur français Soprano qui sort en 2016 une chanson appelée Le diable ne s’habille plus en Prada.

Pour finir, si vous êtes en manque de vêtements mais que vous ne pouvez pas vous le permettre, au lieu d’augmenter la taille de votre découvert en allant quand même faire du shopping, posez-vous plutôt sur votre canapé ou dans votre lit, et prenez un instant pour lire l’un de ces romans, ou regarder leur adaptation. Faites-nous confiance, votre porte-monnaie vous remerciera.

Léonore Boissy

La tôle et le sexe : l’irrépressible désir technique chez Cronenberg

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S’il est admis que le progrès technoscientifique est généralement bénéfique à l’humanité, il faut cependant considérer qu’il peut aisément se retourner contre nous avec force et violence. L’innovation d’un côté et la sécurité de l’autre se livrent une course parallèle démesurée. La seconde essayant de rattraper la première par le biais de la prévention (dispositifs de contrôle techniques, déontologiques, législatifs, réglementaires, etc.) pour éviter de se satisfaire d’une simple réparation de dommages.

Amor fati machinique

Une discipline universitaire s’est même créée pour prévenir le risque technique : la « cynindique », la « science du danger ». Mais deux limites viennent se heurter à ce projet : premièrement, les connaissances qui nous permettent d’innover vont plus vite que celles permettant de contrôler ces innovations, ce que le neuro-scientifique Graham Collingridge résume par le paradoxe suivant : « plus l’innovation est rapide, plus il y a potentialisation du risque technique » ; deuxièmement, le « facteur humain » est totalement imprévisible et l’homme peut désirer la violence technique. Pour appréhender cette jouissance destructrice de la technique dans l’esprit humain ce n’est pas tant vers la cynindique qu’il faut se tourner mais du côté de l’art, et notamment de la Science-Fiction.

la-moucheLa plupart des films de SF (de Brazil à Matrix) interprètent la violence technicienne en termes de volonté mauvaise, exercée de l’extérieur par une minorité (thème récurrent des contre-utopies). D’autres, plus rares, suggèrent que la violence du monde technique est interne à chaque être et directement liée à nos désirs inconscients. Ainsi, le fléau des accidents de la route (30 millions de morts depuis un siècle et la probable troisième cause de décès en 2020) est considéré comme un moindre mal pour satisfaire notre besoin de vitesse. Phénomène qu’illustre métaphoriquement le film Screamers de Peter Weller, où les humains sont traqués par des machines tueuses pouvant se multiplier et se perfectionner seules. Ce ne sont plus les hommes qui produisent les objets techniques mais le système technique lui-même après avoir dévoré l’être humain. Les machines sont également objets de désir : nous désirons les machines, quitte à y succomber, mais nous les aimons aussi parce qu’elles sont mortelles et déshumanisantes. David Cronenberg est un des meilleurs explorateurs des « racines existentielles de la violence technique » selon le philosophe Daniel Cérézuelle.

La liberté par l’autodestruction

holly_hunter_crashCrash dépeint un univers fictif réduit à sa seule dimension technique. La société est absente, la nature est absente, la ville habitée est absente. Seuls demeurent des individus isolés errant sur des routes, avec pour unique perspective le sexe et la machine, en l’occurrence la voiture. Dans un monde sans vie, l’émotion est inexistante. Ne satisfaisant plus leurs désirs par le sexe, ils se tournent vers la violence automobile, ultime recours pour aller au-delà de leurs limites corporelles dans un dépassement existentiel définitif. Grâce à la « belle catastrophe » ils sont à la fois délivrés de leur prison charnelle, et accèdent à l’éternité par l’existence immatérielle de la diffusion ultra médiatique de l’accident.

Dans La Mouche, Cronenberg met en scène un chercheur ayant découvert la téléportation en mettant « la chair en équations ». Mais suite à une erreur, son génome fusionne avec celui d’une mouche, et peu à peu se métamorphose. Dans son exaltation de dépasser ses limites humaines, il en perd toute humanité, physique comme morale, et finit par user de la force pour poursuive son rêve technoscientifique. Le désir d’une liberté désincarnée serait un « instinct secret » poussant les être humains à la violence technicienne.

existenzeXistenZ enfin nous plonge dans le monde de la réalité virtuelle totale. Coupés du réel, les participants à ce « grand jeu » ne ressentent aucune angoisse, aucune contrainte physique, aucune identité fixe, aucune attache géographique, aucune soumission temporelle. En somme aucune barrière à la liberté absolue. Ce qui entraîne la suppression du souci de l’autre, réduit à une apparence caricaturale pouvant être éliminée à tout instant ; la suppression des scrupules, car les actes n’ont pas de conséquences définitives dans un univers perpétuellement recomposé ; la suppression de l’autonomie et de la raison, le joueur devenant dépendant de sa logique ludique. Advient le règne des pulsions les plus barbares comme la rivalité et la violence.

La fascination de la violence émanant des techniques automobiles et de celles de l’imagerie explique la jouissance d’abolir la réalité, le temps, et la responsabilité de nos actes. Ce désir secret à la liberté totale (dévoilé par les arts en général et la science-fiction en particulier) peut donc s’engouffrer dans ce que le philosophe Jean Brun appelait « la puissance onturgique de la technique, créatrice de nouvelles modalités d’être ». Au risque de s’abîmer dans des violences autodestructrices sans retours.

Sylvain Métafiot

Histoires de La Terre du Milieu

« Un magicien n’est jamais en retard, Frodon Saquet, ni en avance d’ailleurs. Il arrive précisément à l’heure prévue » J.R.R Tolkien, Le Seigneur des Anneaux.

Ces quelques mots vous disent sans doute quelque chose, et c’est normal. Il s’agit des premiers mots prononcés par le magicien Gandalf  au jeune Frodon Saquet dans le roman Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. Ces romans font partie des plus célèbres au monde malgré leur âge et dépassent de loin la notoriété obtenue par les romans de la saga Harry Potter, écrits par J.K. Rowling.

Mais avant de nous intéresser aux romans et à leur adaptation cinématographique, intéressons-nous plutôt à l’homme qui se trouve être à l’origine de ce phénomène mondial.

L’auteur

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J.R.R Tolkien (John Ronald Reuel Tolkien) n’est pas seulement un écrivain, il est aussi poète et professeur d’université. Et c’est en 1910 qu’il crée La Terre du Milieu, univers fantastique où se dérouleront par la suite les aventures des personnages de ses romans les plus connus, que sont Le Hobbit et le Seigneur des Anneaux. Tolkien ne se contente pas seulement de créer tout un univers, il invente aussi une langue et une mythologie propres à son monde. C’est grâce à cela qu’il sort en 1937 Le Hobbit qui connaîtra une suite en 1954 avec Le Seigneur des Anneaux. Ces romans deviennent un véritable phénomène de société. Par la suite, il commencera l’écriture d’un recueil sur les légendes de La Terre du Milieu qui ne sera malheureusement jamais achevé, car Tolkien meurt en 1973 sans avoir terminé son œuvre, et c’est son fils qui fera paraître à titre posthume en 1977 le recueil appelé Silmarillion.

Aujourd’hui, J.R.R. Tolkien est considéré comme l’un des « pères » de la fantasy moderne, et nombreux sont les auteurs qui se sont inspirés de lui, et notamment de la manière dont il a créé son univers.

Les romans

Le Hobbit est la première œuvre qui se déroule en Terre du Milieu, et nous présente pour la première fois des personnages comme Bilbon ou Gandalf, que nous aurons le plaisir de redécouvrir dans la suite ainsi que dans les adaptations cinématographiques.

Ce roman nous raconte les aventures de Bilbon qui se retrouve embarqué par le magicien Gandalf dans un voyage vers la Montagne Solitaire au côté d’une compagnie de treize nains aux caractères bien trempés. Ils ont pour seul but de vaincre le dragon Smaug et ainsi récupérer le royaume qui leur appartenait jadis. Mais leur voyage ne sera bien entendu pas de tout repos car ils croiseront entre autres le chemin de Trolls,  de gobelins et d’araignées géantes.

Ce premier roman mettant en scène des hobbits, des nains et des elfes a connu un grand succès lors de sa sortie. Ce succès incite l’auteur à écrire une suite : Le Seigneur des Anneaux qui devient vite son roman le plus connu.

L’histoire reprend certains des personnages du roman précédent mais l’œuvre est bien plus sombre. Cette œuvre possède une place fondamentale dans la littérature fantasy. Les événements se déroulent bien après ceux présentés dans Le Hobbit, Bilbon a vieilli et c’est donc son neveu Frodon qui partira à l’aventure aux côté de Gandalf, emmenant avec lui trois autres amis hobbits : Sam, Pippin et Merry. Leur petite troupe va peu à peu s’agrandir au fil de l’histoire, accueillant Aragorn, l’elfe Legolas, le nain Gimli et Boromir. Tous ensemble, ils formeront « la communauté de l’Anneau » et partiront pour le Mordor, espérant ainsi détruire l’anneau unique et vaincre Sauron. Entre batailles, morts et séparations, de nombreuses épreuves les attendent car nombreux sont leurs ennemis.

Les œuvres de Tolkien, dont l’univers est très vaste, a su séduire de nombreux lecteurs et l’un d’entre eux n’est autre que le réalisateur Peter Jackson, qui se lance dans le projet d’adapter ces romans en films. Il s’attaque tout d’abord à la trilogie du Seigneur des Anneaux, dont le premier volet qui sort en 2001 a connu un succès mondial dès sa sortie et remporte également de nombreuses récompenses – notamment quatre Oscars et quatre Awards. Malgré les différences qui existent avec le livre, le film est une réussite, les acteurs sont bien choisis et les fans de l’univers Marvel ont sans doute eu la bonne surprise de voir l’acteur interprétant le fameux « Magnéto » de la saga X-Men dans le rôle de Gandalf.

Pour tous les petits curieux, de nombreuses anecdotes entourent le tournage du film et il est toujours drôle et intéressant de les découvrir car certains des acteurs ont fait preuve de beaucoup d’imagination et de persévérance pour rentrer dans leur rôle et pour faire du film un succès.

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Il faut attendre 9 ans après la sortie du dernier film de la trilogie Le Seigneur des Anneaux pour voir apparaître l’adaptation cinématographique du Hobbit, toujours sous la direction du réalisateur Peter Jackson.

Pour cette trilogie, il s’agit d’un retour en arrière. Le début du film est identique ou presque au premier Seigneur des Anneaux : c’est le jour la fête d’anniversaire de Bilbon et on voit ce dernier (vieux) écrire, assis à une table, son histoire. Puis le retour en arrière s’effectue et on se trouve alors plongé dans le passé de Bilbon, prêt à vivre à travers son récit ses aventures de jeunesse.

On retrouve avec plaisir deux des acteurs déjà présents dans la trilogie précédente : Ian MacKellen dans le rôle de Gandalf et Orlando Bloom dans celui de Legolas. Et c’est aussi avec plaisir que l’on découvre la compagnie des treize nains dont les caractères tous très différents créent une petite troupe très surprenante.

Peter Jackson réalise encore une fois une trilogie à succès qu’on ne se lasse pas de regarder, tout comme celle du Seigneur des Anneaux, malgré la longue durée des films qui atteignent parfois 3 heures. Heureusement, cette durée est compensée par des paysages à couper le souffle qui ne cessent de nous émerveiller visionnage après visionnage, et par une bande originale tout simplement merveilleuse.

Léonore Boissy

Dieu est une ligne de code

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L’une des particularités narratives de la Science-fiction est quelle délaisse le plus souvent la psychologie des personnages (considérés non comme des individus mais comme représentants de leur espèce) au profit de l’hypothèse philosophique (interrogations sur notre nature, notre place dans l’univers, notre devenir et nos fins). L’œuvre d’Arthur C. Clarke est emblématique de ces interrogations philosophico-religieuses, notamment celle, à la fois théorique et pratique, dont l’écho glaçant parcours l’univers : « qu’allons-nous faire de l’homme ? ». Et si l’homme devenait mutant, « individu spécifique » par excellence ? La question de son devenir dépendrait avant tout de sa particularité, comme l’affirme Gilbert Hottois, philosophe belge, spécialiste des questions d’éthique. En somme, si l’homme devient un mutant psy ou un cyborg son rapport à la transcendance deviendrait opératoire, comme nous le verrons plus bas.

Affrontement, impasse et apocalypse

eclipse-totalTrois thèmes illustrent la dimension philosophico-religieuse de la SF.

Tout d’abord, dans La Guerre des mondes, Herbert Georges Wells met en scène l’affrontement contre une autre forme de vie. Soit la guerre totale contre une altérité radicale qui sera finalement vaincu, non par les hommes, mais par la « solidarité » globale de la biosphère terrestre (les microbes).

Deuxièmement, des œuvres comme Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley illustrent les impasses évolutives, c’est-à-dire l’arrêt de l’évolution dans une forme biologique, sociale ou technologique destinée à se reproduire à l’identique ou à disparaître. Ces contre-utopies sont souvent déjouées par un retour à la nature et aux émotions humaines.

Enfin, l’apocalypse peut-être illustrée dans des ouvrages comme Éclipse totale de John Brunner dans lequel une trace de vie est découverte dans une constellation lointaine. Ou plutôt ce qu’il en reste, car après avoir atteint le stade du voyage spatial, la civilisation étrangère s’est éteinte. Après avoir découvert les raisons de la catastrophe, un membre de l’expédition décide de les révéler à la Terre. Mais les Terriens abandonnent le dernier survivant de l’équipage et avec lui toute trace des mystérieux extraterrestres.

Transcendances techniques

La transcendance de l’homme, cherchant à dépasser ses conditions naturelles d’existence, se manifeste moins dans la technique que dans le langage. Langage non pas tant comme outil développé par les hommes permettant de communiquer, que comme un « don de Dieu », preuve d’une élection supranaturelle. Cette transcendance symbolique suppose une nature immuable de l’homme, contrairement aux utopies techno-socio-politiques qui cherchent à l’aménager, réduisant par là-même le désir de transcendance. Mais qu’en est-il de cette transcendance symbolique au temps des neurotechnosciences ? L’imaginaire d’un monde transcendant réel devenant obsolète, la transcendance spirituelle serait simulée au sein d’esprits-cerveaux. Perspective qui pourrait faire basculer la société, proposant l’absolu à portée de main, dans un cauchemar totalitaire maintenant les individus sous perfusion transcendantale (ou son simulacre). C’est ce que l’on pourrait désigner comme la transition vers des transcendances opératoires ou techniques.

Mutations symboliques

ob_f95d5d_gibson-neuromancer-by-davidsimpson2112Avec cette nouvelle transcendance, la symbolisation est davantage accompagnatrice que motrice car la voie vers l’Absolu se joue surtout au niveau de la transformation des corps et des cerveaux, des modes de communication et d’interaction. Le Frankenstein de Mary Shelley illustre parfaitement cette transcendance technique à la fois fascinante et angoissante. Avec le cyborg de Clarke (Profil du futur), la transcendance opératoire se loge uniquement dans le cerveau, seul organe qui pourrait survivre indépendamment de tous les autres et se propager aux machines grâce à une « décorporéisation ».

William Gibson, de son côté, évoque aussi cette thèse des « cerveaux branchés » – ce cyborg extrême – dans Neuromancien où une partie de la population jouit d’une liberté infinie dans le cyberspace et faisant du corps un support résiduel immobile. Par ailleurs, la transcendance technique serait plus axée sur la diversité irréductible que sur l’unité ultime, à la faveur des innombrables formes de vies, intelligentes ou non, peuplant l’immensité du cosmos. Chaque être choisissant sa propre transcendance opératoire et pouvant devenir une espèce à lui tout seul, comme Lennox, le héros de A Miracle of rare design de Mick Resnick, devenant ce fameux « corps sans organes » (Gilles Deleuze).

Une « post-modernité techno-symbolique », selon les mots de Gilbert Hottois, qui pourrait rapidement basculer de la fiction la plus oppressante à la science la plus incontrôlable.

Sylvain Métafiot

Juste la fin du monde

Juste la fin du monde, le nouveau film de Xavier Dolan ayant reçu le Grand Prix du festival de Cannes vient de sortir dans au cinéma. Certainement, la petite note nous rappelle que c’est l’adaptation de la pièce éponyme de Jean-Luc Lagarce, écrite à Berlin en 1990. Mais qui était Jean-Luc Lagarce ? Quelle place son œuvre prend-t-elle dans le film ? Qu’est ce que cette adaptation cinématographique y apporte ?

L’étranger

lagarceQuand on parle du théâtre du XXe siècle les premiers noms nous viennent à l’esprit sont ceux de Ionesco et de Beckett. Chacun déconstruit le théâtre à sa façon en voulant montrer l’absurdité du monde. Sans oublier Koltès qui les rejoint par les thèmes, omniprésents dans ses œuvres, de la solitude et de la mort. Lagarce, né en 1957, les rattrape dès le plus jeune âge tout en innovant en faisant de son théâtre quelque chose de simple et de poignant. Dès ses huit ans, il se réveille au milieu de la nuit pour écrire une ligne, ce qui lui passe par la tête. À dix-sept ans, avec ses amis, il fonde une troupe et propose de jouer des « scénettes » qu’il avait écrit. À dix-neuf ans, il vient voir un éditeur pour lui montrer ses textes. L’éditeur révèle qu’il s’ennuie au fil de l’œuvre mais la fin le touche. Il voit un talent à exploiter. Le titre qu’il choisit pour ses œuvres attire d’autant plus : Les règles du savoir-vivre dans la société moderne, Dernier remords avant l’oubli, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, Nous les héros, (évidemment) Juste la fin du monde et Le Pays lointain (une sorte de réécriture de Juste la fin du monde) demeurent parmi les plus connus.

On le sait déjà pour les personnes qui ont vu le film de Dolan ou juste le trailer : c’est l’histoire de Louis qui souhaite revoir sa famille pour leur annoncer sa mort prochaine. Sa famille qui se compose de La Mère, Suzanne (sa sœur), Antoine (son frère) et Catherine (la femme de son frère qu’il ne connait pas). Lagarce prend le lecteur/spectateur pour témoin du secret de Louis dans ses monologues. Au fil de toute l’œuvre on vit une tension forte quand l’incompréhension règne dans la maison. Chacun essaie de s’exprimer : maladroitement la plupart du temps. On ne sait pas quoi dire, quoi faire, révéler ses pensées comme Suzanne ou essayer de rester calme et d’empêcher les autres de parler comme Antoine. Le règlement de comptes semble être au rendez-vous. Ils lui demandent pourquoi il est venu. Mais ils ne veulent pas l’entendre. Ils posent des questions pour continuer à parler, à expliquer pourquoi ils posent la question. Peut-être le devinent-ils. À chacun son interprétation. Et Louis est comme mit à l’écart, ainsi proche du lecteur/spectateur. Le personnage de Louis (lui ?) rappelle l’étranger de Camus : on l’accuse de son indifférence, qu’il n’a rien à dire, mais cette fois on a accès à ses pensées.

« Je suis un étranger. Je me protège. J’ai les mines de circonstance.
Il aurait fallu me voir, avec mon secret, dans la salle
d’attente des aéroports, j’étais convaincant ! » (Première partie Scène 10).

Cette œuvre a évidemment une forte dimension autobiographique : Lagarce malade du sida écrit cette œuvre au crépuscule de sa vie. Son personnage voyage pour fuir la mort. Il écrit à la fin de la pièce « Berlin. 1990 » comme si c’était une lettre, un journal, un rappel à lui-même. Il est parti également de Besançon pour se plonger dans le souffle de la vie parisienne. Toutefois il n’avait pas une relation aussi éloignée avec sa famille. Sa plume exprime avec des mots simples, ne remplissant pas toute la ligne et par la répétition fait songer à un poème où un combat entre pulsion et maitrise des personnages se dévoile.

« Vois doigts se la repassent en prenant garde de ne pas la salir
Ou d’y laisser de coupables empreintes.
« Il était exactement ainsi »
et c’est tellement faux,
Si vous réfléchissez un instant vous pourriez l’admettre,
c’était tellement faux,
je faisais juste mine de. » (Première partie, Scène 10)

La contrefaçon

14527585_1307568362628022_916988284_nOn ne peut ignorer le succès qu’ont les films du cinéaste canadien ces dernières années. Se focalisant toujours sur le monde intérieur du personnage, une situation qu’il vit au quotidien, qu’il montre à peu de gens mais qui se trahit par son attitude. C’est ce qu’on retrouve dans Juste la fin du monde. Ce déchirement intérieur apparait comme chez Lagarce : elle prend le spectateur à part. Celui-ci assiste à toutes les scènes et ne peut s’empêcher de ressentir d’empathie pour le personnage. Le film se focalise sur les gros plans des visages des personnages, des regards qu’ils s’adressent : craintifs, ironiques, surpris.

Le personnage de la Mère est très important dans les films de Dolan : J’ai tué ma mère, Mommy. La mère ici est une sorte d’arbitre : elle assiste à tout, elle essaie de comprendre ses enfants, de comprendre Louis. Son regard est important. Elle essaie de le guider en lui indiquant quoi dire même si ce n’est pas vrai. La parole remporte ce combat, mais la parole inutile, la parole de comme si de rien n’était se fracasse contre Louis. Dolan utilise la liberté que le genre cinématographique lui permet : Catherine tombe sur Louis dans un couloir de la maison, Antoine et Louis parlent dans le cadre d’une voiture. Le spectateur a l’impression d’être à l’arrière avec eux. Les grandes lignes de l’histoire sont sans doute respectées même si les personnages différent un peu du livre : Antoine est plus violent, Catherine est plus naïve, Suzanne semble être révoltée d’une manière adolescente, La Mère a l’air d’être plus préoccupée d’elle-même qu’elle l’est chez Lagarce. Serait-ce la vision de Dolan ou un moyen de rendre les personnages plus visibles, plus facile à cerner, plus stéréotypés ? Car les protagonistes de Lagarce ne sont pas du tout faciles à saisir. Le réalisateur rajoute des scènes grâce à des chansons qui forment des mini-clips : le chemin vers la maison, l’enfance, la jeunesse, le désespoir, le départ. Bref, une contrefaçon de Lagarce.

« et je marche seul dans la nuit,
à égale distance du ciel et de la terre. » (Epilogue)

On espère que le film de Dolan poussera le monde à lire Lagarce pour s’imprégner de toutes les nuances et de tous les tons de cette histoire émouvante qui peut être vécue comme quelque chose de personnel.

Maria Chernenko

Abd Al Malik, les mots qui lient

Rappeur, slameur, écrivain, cinéaste, philosophe, il est difficile de catégoriser l’artiste Abd Al Malik, qui ne se définit ni par un vécu, ni par un style. D’une diction articulée et accrocheuse, le ton humble et lucide, il narre, sur fond musical sobre mais percutant, des petites histoires. Des histoires tragiques, des histoires politiques, des histoires anecdotiques. Mais qui, toujours, nous apprennent des choses et ne laissent pas indifférents.

abd-al-malik-a-fait-ses-premiers-pas-dansLe chanteur n’a pas besoin de charger ses textes de figures de style et de sous-entendus. Les mots sont simples, pragmatiques, légers. Et pourtant d’une telle justesse, qu’ils nous saisissent parfois de plein fouet, nous touchant en plein cœur. Ainsi en est-il lorsqu’on écoute Soldat de Plomb, Ces Gens-là, Il se rêve debout, L’Alchimiste, Saigne…, pour ne citer que quelques unes.

« C’est juste une métaphore qui pourrait être biblique comme le Veau d’or parce que notre époque est d’accord dans le désaccord.

 On est déchiré par l’absence et le vide.

 En prise avec nos paradoxes, le besoin d’amour complique.

 Il s’appelle Roméo, elle s’appelle Juliette. Roméo et Juliette. » 

(Roméo et Juliette, 2008)

Varier les styles

Pour lui, le rap ne devrait pas se cantonner à des codes et au superficiel, comme trop souvent aujourd’hui. Il montre que ce style musical permet, au contraire, une grande diversité.

scarificationsDu jazz à l’orchestre symphonique, il emprunte également au rock et aux sonorités africaines, ou encore à la musique électronique (en particulier dans son dernier album co-réalisé par Laurent Garnier, Scarifications, 2015). Il signe également une collaboration avec Gerard Jouannest, le pianiste de Jacques Brel, dans son album Château Rouge (2012).

On peut tout de même reprocher à certaines chansons d’être un peu plates, d’autres difficiles à apprécier aux premières écoutes. Ceux qui le trouvaient trop « politiquement correct », voire moralisateur dans les albums Gibraltar (2006) ou Dante (2008), trouveront peut-être leur compte dans Scarifications (2015), plus sombre, plus colérique. Mais on y regrettera cependant la légèreté des anciennes chansons, dont manque cruellement cet album : la techno de Garnier rend le texte quasiment inaudible.

Il y en a finalement pour tous les goûts et Abd Al Malik montre ainsi que son talent ne se résume pas à une seule forme d’art.

Faire le lien

Au-delà d’une valeur artistique indéniable, les productions de l’artiste ont également une vocation pédagogique.

Affiche_du_filmDans son livre et son film autobiographiques Qu’Allah bénisse la France, il raconte sa jeunesse passée dans une banlieue strasbourgeoise. Il y a connu la délinquance, et a vu plusieurs de ses proches succomber à la suite d’overdoses. Enfant d’une famille d’immigrés, il a également connu le fait de grandir entre deux cultures, et de se voir parfois stigmatisé. Il aurait pu se cantonner à des stéréotypes et se définir vis-à-vis eux. Mais le rappeur, tout en assumant son  histoire, parvient à transcender sa condition et transmettre des messages à vocation universelle. Il montre que nous vivons tous les mêmes choses : la tristesse, la colère, l’amour, la joie…

Il se fait ainsi le porte-parole de ces jeunes vivant en banlieues dites difficiles – sujet récurrent dans ses chansons (Dynamo, Château rouge…) – à qui il sert d’exemple, et souhaite favoriser le lien entre les milieux sociaux. Intellectuel depuis l’enfance, élève brillant, il se nourrit de philosophie et de littérature, et souhaite décloisonner les styles en s’inspirant de Jacques Brel dont il donne, par ailleurs, sa version de Ces gens-là et du Port d’Amsterdam dans la magnifique chanson Gibraltar, qui symbolise le lien. Il s’inspire également de Juliette Greco et de Claude Nougaro, montrant qu’il n’y a pas de réelles barrières.

« Derrière le statut, le vêtement, la couleur de peau

 N’est-ce pas qu’on est semblables, tous ?

 Les mêmes préoccupations

 Qui suis-je, où vais-je, que n’ai-je, m’aime-t-il, m’aime-t-elle ? »

(saigne, 2006)

Abd Al Malik n’hésite pas non plus à parler de politique ou encore de la religion musulmane (qu’il a préférée au catholicisme qui se pratiquait dans sa famille) et à débattre de la laïcité en France. Il a d’ailleurs fait récemment l’objet d’une polémique à ce sujet. Mais penser que le chanteur puisse troubler l’ordre public, c’est ne pas comprendre son message. Car, s’il fut dans sa jeunesse passé par une phase de radicalisation avant de se convertir au soufisme (branche de l’islam plus axée sur l’aspect spirituel), il affirme, à travers ses textes, que la religion musulmane n’est qu’une parmi d’autres, que le but profond des religions, au-delà du dogme, est de faire ressortir ce qui est universel chez l’être humain.

« Dans un jardin les fleurs sont multiples mais l’eau est unique »

(Ode à l’amour, 2004)

Ainsi dans L’Alchimiste, Ode à l’amour, ou encore 21 septembre 2001, il nous rappelle qu’avant de diviser, la religion peut aussi apporter du lien entre les Hommes.

« J’étais mort et tu m’as ramené à la vie.

 Je disais « j’ai, ou je n’ai pas »; tu m’as appris à dire « je suis ».

 Tu m’as dit: « le noir, l’arabe, le blanc ou le juif sont à l’homme ce que les fleurs sont à l’eau. »

(L’Achimiste, 2006)

À travers ses chansons, son livre et son film, Abd al Malik fait de sa propre histoire un support pour véhiculer des messages à vocation universelle. Quel que soit notre vécu, nos origines ou nos croyances, l’artiste nous rappelle que nous sommes avant tout des Hommes.

Eléonore Di Maria

Les mangas de notre enfance

Dragon-Ball-Super-Anime

« Vieillir c’est se rappeler son enfance »
Thomas Bernhard

Plus on vieillit plus on cherche à se rappeler son enfance. Parlons aujourd’hui d’une chose dont la plupart d’entre-nous se rappellent : Les mangas.

On a tous un manga ou un animé qui a particulièrement marqué notre enfance, la plupart du temps parce qu’il passait à la télé. Il y en avait pour tous les âges, certain pour les petites filles d’autres pour les jeunes garçons, et les sujets traités étaient assez variés.

Les mangas sur le sport

Olive-et-TomLe sport est l’un des nombreux sujets abordés dans les mangas, et on ne peut pas parler de sport sans revenir sur l’un des animés les plus emblématiques : Olive et Tom.

On ne compte plus les heures passées devant la télé à regarder le jeune Oliver Atton s’entraîner et jouer au foot avec ses amis pour espérer plus tard devenir un grand joueur connu. Avec son équipe la Newteam, en compagnie de Thomas Price, les matchs et les victoires ont été aussi nombreux que palpitants. Durant les 128 épisodes que compte l’animé, on a pris plaisir à suivre leurs aventures même si on aurait parfois aimé que cela dur plus longtemps. Aujourd’hui, peu sont ceux qui se rappelle de chaque épisode mais s’il y a bien une chose que l’on a tous retenu c’est le générique. On l’a tous chanté dans sa tête sans pouvoir sans débarrasser !

Moins de sport, place à la fantaisie

Sailor moonPour celles et ceux qui n’étaient pas intéressés par le sport et par tous ces garçons en short qui s’épuisaient à courir après un ballon, il existait des dessins animés tels que Sailor Moon, manga du genre magical girl qui a fait rêver plus d’une petite fille. Cette série débuté en 1992, est encore très connue et appréciée de tous grâce notamment à son personnage principal, la jeune Usagi Tsukino. Adolescente maladroite et pleurnicharde dans les premières saisons, elle se révèle une guerrière aux pouvoirs magiques combattant le mal au nom de l’amour et la justice, et est rejointe par de nombreuses alliées, chacune correspondant à une planète du système solaire. Pendant plus de 200 épisodes, des milliers de filles du monde entier vont apprendre à connaître Tsukino, Ami Mizuno ou encore Rei Hino et pourront choisir leur Sailor préférée. Car oui, il y avait neuf Sailor guerrière pour que chaque jeune téléspectatrice puissent choisir laquelle elle voulait être, et on sait toutes que dans les cours de récrée ça se chamaillait pour savoir laquelle serait Sailor Moon et pourvoir dire ainsi cette phrase culte : « Je suis Sailor Moon, et je me bats pour la défense de l’ordre et de la justice ! » Ou encore « Pouvoir du Prisme lunaire, transforme-moi ! »

Mais quand on était lassée par Sailor Moon et ses chats, on pouvait se rabattre sur Nikki Larson, Les Chevaliers du Zodiaque ou Détective Conan car, que l’on soit une fille ou un garçon, ces animé nous faisait tous rire et nous mettaient des étoiles dans les yeux.

Finissons en baston

Pour ceux qui étaient plus tentés par les arts martiaux et les petits bonhommes verts, Dragon Ball était la série idéale. On pouvait y croiser Sen Goku, un garçon un peu naïf doté d’une force extraordinaire ou encore Vegeta le prince des Saiyens. La quête des sept boules de cristal légendaire va amener le jeune Goku à suivre un apprentissage avec des maîtres comme Kamé Sennin ou Maître Kairin et à participer à de nombreux championnats du monde d’art martiaux. Il apprendra au cours de ses aventures à maîtriser la fameux : Kamé Hamé Ha, une technique inventé par Kamé Sennin qui consiste à se concentrer de façon à augmenter sa force pour ensuite projeter une vague d’énergie avec ses mains. Plus jeunes, on aurait tous aimé tester cette technique sur nos professeurs à l’école lorsqu’ils nous annonçaient un contrôle.

one_pieceMais Sen Goku n’étais pas le seul à posséder des pouvoirs que l’on rêvait d’avoir. Le fameux Luffy au chapeau de paille du manga One Piece était assez fort pour rivaliser. Depuis l’année 1999, nous pouvons suivre Luffy et ses compagnons hauts en couleurs dans leurs aventures à la recherche du One Piece, le trésor que Gol D. Roger le roi des pirates a caché quelque part sur grand line. Enfin un animé que tout le monde pouvait regarder, filles comme garçons. Chaque personnage avait son propre caractère et les jeunes femmes de ce shonen plein de combat n’avaient rien à envier aux hommes. De plus, comparé à Dragon Ball dont les suites n’enchantent guère les fans les plus anciens, One Piece continue à perdurer et a su s’implanter fortement chez les nouvelles générations. Avec 80 volumes actuellement sortis et plus de 730 épisodes animés, One Piece est bien partit pour durer encore longtemps. Le Gum Gum de Luffy est devenu incontournable tout comme les saignements de nez de Sanji devant des jolies filles.

Les mangas qui ont marqués notre enfance sont trop nombreux pour tous les citer. Chaque personne a ses préférences mais heureusement grâce à Internet il nous est toujours possible de regarder nos coups de cœur de l’époque, encore et encore.

Léonore Boissy

Une nouvelle histoire pour demain

« Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »

proverbe africain

Demain couvertureL’écologie, le développement durable, on nous en parle depuis qu’on est enfant. Les médias, les professeurs, les instituteurs et quelques proches l’évoquent. On connaît, ou du moins on pense connaître, l’état désastreux de notre planète, on sait ce qui est à proscrire, on sait ce qui est néfaste pour l’environnement. Oui on sait. On sait, et pour autant le quotidien nous emporte et reprend finalement le dessus. Le livre Demain, écrit par Cyril Dion (d’après le documentaire du même nom co-réalisé par Mélanie Laurent, sorti en salles en décembre 2015) tente de remettre en question cette image évidente et biaisée du quotidien. Demain n’a pas choisi de se morfondre dans l’accusation, mais s’évertue à proposer une autre vision du monde, des alternatives. Il met en lumière des modes de vie, des quotidiens qui se veulent un peu différents. Il tend à montrer que le changement existe, qu’il est possible, et bien plus que possible, qu’il est enviable. Que notre quotidien n’est finalement qu’une fiction qu’on décide de perpétuer. Il souligne ingénieusement que rien est immuable et que le point de bascule est fragile. Le quotidien de Cyril Dion s’est vu bouleversé en 2012, lorsque le journal Le Monde a publié une étude qui proclamait que la fin de la planète pourrait avoir lieu d’ici 2100. Sont pointés du doigt la pollution, le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la déforestation… Alors que faire ? Que faire si les mobilisations qui émergent depuis la timide prise de conscience écologique des années 1960 ne changent rien ? 85 ans, c’est si court. Une génération. Nos enfants.

Demain est parti à la recherche de ces gens à travers le monde qui ont décidé d’écrire une autre histoire, qui ont eu le courage de s’émanciper du système pour créer une société à leur image. Le livre, tout autant que le documentaire, nous emporte dans cette nouvelle « fiction collective », cette nouvelle histoire à travers le récit de citoyens, d’hommes et de femmes qui nous ressemblent. Demain transforme un sentiment d’impuissance en un puissant souffle d’espoir.

Rob Hopkins et son billet de 21 Totnes Pound

Rob Hopkins et son billet de 21 Totnes Pounds

Demain est un projet novateur parce qu’il s’interroge en profondeur sur les moyens de parvenir à un changement durable. Il s’interroge sur les racines, sur ce qui nous a conduit à adopter et pérenniser un modèle contre nature. Qu’est ce qui fait que nous sommes enfermés dans une sorte de vision hermétique de notre monde et de notre société, qui nous empêche d’accéder à un mode de vie qui serait en adéquation avec notre environnement, avec les autres, avec nous-même? Cyril Dion affirme que nous sommes le victimes d’une « croissante virtualisation du réel », si bien que nous sommes devenus incapables de « mettre en relation nos actes et les conséquences que nous ne voyons pas, que nous ne sentons pas. » Les conséquences sont des chiffres ou quelques images qui se présentent à nous de manière abstraite et disparate. Qui remettrait en question son mode de vie pour une idée qu’il appréhende difficilement, qui ne lui offre aucune certitude, aucune sécurité ? C’est bien la vision que nous avons de notre quotidien qui empêche toute idée de changement, cette sorte d’image qui modélise les conditions d’organisation de nos vies et qui lui donne un sens. Le problème étant que l’on nous livre qu’une seule illustration. Si le discours environnemental est assené depuis que l’on est enfant, celui-ci paraît bien maigre comparativement au mythe du progrès et de la spirale consumériste qui dicte notre quotidien. Ce sont deux récits qui s’opposent frontalement, et à défaut de savoir ce que l’on peut gagner grâce à l’écologie, on imagine ce qu’on aurait à perdre en s’engageant dans une voie plus soutenable. Comme le souligne Rob Hopkins, l’initiateur du Totnes Pounds, la monnaie locale de la ville de Totnes en Angleterre, les gens imaginent qu’aller vers l’écologie, renoncer au progrès tel qu’on l’entend aujourd’hui, c’est à long terme vivre reclus au fond d’une grotte. Le projet de Demain consiste à retourner ces a priori, et à il s’évertue jeter les bases d’un nouveau récit où le citoyen tient la plume. Tout au long des pages, le lecteur découvre ces hommes, ces femmes, qui par des actions éparses bâtissent ensemble une nouvelle histoire. Assis dans un fauteuil ou dans les sièges d’une salle de cinéma, on se laisse aisément emporté. C’est là tout le charme des histoires bien racontées.

Cependant, si Demain raconte des histoires, il s’évertue surtout à mettre des images sur le réel, sur ces solutions soutenables qui fleurissent partout dans le monde. Le livre retrace les entretiens menés avec les acteurs du monde de demain, comme Pam et Mary à Todmorden dans le Yorkshire, qui se sont lancées malgré leurs doutes et leurs incertitudes dans l’aventure des Incroyables Comestibles, mouvement aujourd’hui international qui vise à développer la culture de fruits et de légumes au sein des villes. Une culture par et pour les habitants, de manière totalement gratuite. Pam Warhust affirme : « C’est ce qu’on fait de mieux, raconter des histoires. C’est ce qui parle au cœur, c’est ce qui fait la différence ».

Démocratie participative en Inde

Démocratie participative en Inde

Il y a également Charles et Perrine au Bec-Hellouin en Normandie qui se consacrent à la permaculture qui leur offre aujourd’hui des rendements à surface égale bien supérieurs à la moyenne de la monoculture des grandes exploitations. Il y a Pocheco, l’usine d’enveloppes au Nord de la France qui place le respect de l’environnement et de l’homme au centre de ses préoccupations. Il y a Rob qui s’est engagé à Totnes pour créer une monnaie locale. Il y a ces citoyens islandais qui en 2009 ont osé renverser le gouvernement et la finance de leur pays et qui se sont battus pour participer à la rédaction d’une nouvelle Constitution participative. Il y a Elango, maire de Kuttambakkam en Inde qui a révolutionné la vie de son village en instaurant un véritable système de démocratie représentative sous le couvert d’une coopération entre les castes. Il y a ces îles renouvelables comme l’Islande et la Réunion qui s’orientent vers une transition énergétique, Copenhague, première capitale neutre en émission de dioxyde de carbone, San Francisco qui s’évertue à donner une seconde vie aux déchets de la ville. Des citoyens, des directeurs d’entreprise, des maires, des États-Unis jusqu’en Inde, en ville et en campagne. Il y a des sourires, des rires, des partages, et cette formidable envie d’agir.

Shane Bernardo, un des piliers d’Erthworks Urban Farm qui vise à produire de la nourriture dans la ville de Detroit pour les plus démunis pense « qu’il nous faut être créatifs pour construire le monde dans lequel nous voulons vivre ». Demain nous offre cette incroyable source d’énergie créatrice. Il nous présente toutes ces actions, tous ces mouvements qui s’épanouissent aux quatre coins du monde, et nous met face à face avec nous même. Il n’y a plus de on sait, mais on a conscience de. Demain nous fait prendre conscience que notre quotidien n’est peut être pas le plus enviable. Il nous montre que s’engager dans une voie plus respectueuse de l’environnement n’est pas synonyme d’austérité, de régression, non. Car ce n’est pas uniquement pour le respect de la nature que ces militants s’engagent, mais aussi pour le respect de l’homme, pour la paix, la solidarité, la coopération, l’échange et le partage, et il semble que ces valeurs découlent naturellement de leurs actions. Demain nous emmène le temps de quelques pages, de quelques heures, en dehors de notre quotidien, un quotidien qui finit presque par devenir un peu étranger. Comme si notre nature nous rappelait à l’ordre. Tant le livre que le film sensibilise le public et donne à chacun les outils pour s’exprimer, pour s’engager, pour changer les choses en nous incluant dans cette grande communauté organique qui déborde de créativité et de richesse. Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin (proverbe africain).

Depuis que le mouvement est lancé, des initiatives fleurissent dans la France entière. Demain utilise des histoires pour en raconter une, il s’adresse directement au pouvoir créatif de l’homme dans l’intention de reconstruire les bases d’un monde plus respectueux de la planète et des hommes. Il laisse dans son sillage de nombreuses réflexions sur ce que nous faisons de notre imagination, de nos rêves, de nos vies. Il nous fait prendre conscience que dans un sens où dans l’autre, tout est une question de temps, qu’un récit sans créativité n’a jamais fait une belle histoire, qu’il est encore tant de laisser libre cours à notre imagination avant que l’intrigue ne muselle irrévocablement et tristement nos prétentions.

Pauline Fricot

D.U.F.F ou la lutte sociale adolescente

« Tu sais, c’est scientifiquement prouvé : dans un groupe, il y a toujours un maillon faible. La fille brave. Le boulet. La DUFF : dodue utile et franchement fade ». Mais comment savoir si cette DUFF c’est nous ? Question toute simple dont la réponse est parfois dur à attendre.

51agn4+LRPL._SX323_BO1,204,203,200_Dans le roman de Kody Keplinger intitulé intelligemment DUFF, Bianca Piper, dix-sept ans, l’héroïne va être confrontée à la dur réalité d’être l’amie dodue, utile, mais franchement fade. En effet, Bianca n’est pas la fille la plus jolie ni la plus populaire du lycée mais elle est maligne, a un esprit mordant et un grand sens de l’humour. Sauf qu’en apprenant par le garçon qu’elle déteste qu’elle est la DUFF de ses amies, elle décide de sortir de l’ombre : la révolution contre les impitoyables règles sociales du lycée commence !

Le titre du livre est assez révélateur du thème abordé (l’estime de soi) : l’histoire se déroule pendant la période du lycée, le moment de notre vie où l’on se cherche – et se forge – une identité. Pour beaucoup, le lycée correspond à trois années de conneries entre potes ou de délire entre filles ; mais pour d’autres cela ramène à une période sombre, difficile à vivre, qu’ils arpentaient à reculons. Ainsi, Bianca vie une période assez dur, devant gérer ses cours, son problème de DUFF et surtout le divorce de ses parents transformant la vision qu’elle a de son père. Pourtant, elle ne perd pas pied, cherchant de quoi se changer les idées et briser ces étouffantes règles sociales.

L’auteur parvient facilement à nous plonger dans cette histoire qui pourrait être la nôtre. Son style est fluide et bien écrit, la façon avec laquelle il a su montrer l’évolution des sentiments des personnages sans trop en faire est appréciable. Les personnages sont attachants, chacun avec son caractère propre, leurs relations sont réalistes, sans compter avec l’humour, les flirts, les coups de gueules … Le livre se lit d’une traite.

Une adaptation déroutante

the-duff-bande-annonce-trailer-mae-whitmanUn film adapté du livre est sortie en 2015 mais même si le titre reste le même, l’histoire n’a pas beaucoup de point commun avec le roman.

Dans ce film, on retrouve bien sûr les mêmes personnages mais l’histoire est plus axée sur la recherche identitaire. Le réalisateur Ari Sandel a reprit beaucoup de sujets polémiques comme l’utilisation abusive des réseaux sociaux par les jeunes (Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram…) ainsi que les conséquences de publications visant à humilier les autres peuvent avoir sur les personnes qui les subissent. Le cyber harcèlement est un sujet sensible pour tout le monde. En revanche, les problèmes que pouvait avoir Bianca dans le livre avec son père son dans le film inexistant : le personnage paternel n’est plus présent, remplacé par une mère dynamique qui a su remonter la pente de son divorce.

Beaucoup de choix scénaristique peuvent déplaire à celles et ceux qui ont lu le livre. Cependant, même si ce film est un exemple parfait de Teen-movie (des acteurs plus âgés que leurs rôles…) les jeux d’acteurs et l’humour très bien dosé fonctionnent parfaitement.

Au final, que l’on lise le livre, que l’on regarde le film ou que l’on fasse les deux on ne peut pas s’arrêter avant la fin et on finit bien sûr avec un sourire jusqu’aux oreilles et l’envie de recommencer.

Léonore Boissy